Un long périple entre la Normandie et Montpellier pour renouer le contact. 26 ans après...Après douze jours de voyage et la traversée de cols à 1 300 mètres d’altitude,Benoît a retrouvé son père à Montpellier. L’émotion n’est pas de façade.
Lorsque Benoît Hoarau raconte "ses accidents de parcours",sa voix se noue par moments.
Ses yeux se mouillent lorsqu’il évoque sa tentative de suicide.
"L’année dernière,je me suis pendu.
Les pompiers sont arrivés pour me sauver à temps",détaille l’homme ceinture noire de karaté.
La perte de son travail et la crise de la quarantaine de son ex-conjointe avaient eu raison de la stabilité de sa vie.
Depuis,il essaie de reconstruire son existence "sur des bases saines".
C’est dans cette optique qu’il a choisi de reprendre contact avec son père.
Ving-six ans après.
"Je voulais trouver un moyen pour raviver le lien avec mon père" Benoît José habite désormais à Montpellier.
Le septuagénaire avoue "avoir souffert de la séparation avec son fils après un divorce compliqué".
Il explique "ne quasiment pas connaître Benoît en réalité".
Son fils confirme : "Plus aucun lien ne nous unissait."
Alors,le commercial a voulu "trouver un moyen pour raviver ce lien".
Il a écrit une lettre à toute sa famille et à ses amis,leur annonçant son projet : effectuer le trajet de Créton (Eure) à Montpellier,à vélo.
770 km en douze jours pour le cycliste amateur.
De son domicile à l’appartement paternel.
"Comme un pèlerinage" Benoît considère ce "trajet comme un pèlerinage".
Le commercial voulait "savoir s’il était capable de réaliser quelque chose qui sorte de l’ordinaire".
Le besoin de se retrouver seul face à l’obstacle l’obsédait.
Les étapes comportaient environ une centaine de kilomètres par jour.
Il explique avoir souffert pour gravir des cols à 1 300 m d’altitude dans les gorges du Tarn.
Benoît a choisi "des petites routes pour se retrouver seul au milieu de la nature".
La parabole du fils prodigue Huit heures de route chaque jour,pendant lesquelles il pensait à sa vie : "Aux erreurs que j’ai commises dans le passé.
Et surtout aux projets qui me feront avancer.
" La parabole du fils prodigue n’est pas sans point commun avec cette histoire.
Benoît affirme avoir été surpris par "la solidarité à l’œuvre entre les cyclistes sur la route.
Ils venaient discuter avec moi ou seulement m’encourager".
Le commercial affirme vouloir "revenir à l’essence même de la relation avec les gens,loin des faux-semblants".
Un périple,une quête de sens.
Il se dit fier d’avoir accompli ce voyage sur son VTC,bardé de sacoches pour transporter son eau.
Retrouvailles... et douleurs articulaires Benoît conseille sans détour ce type d’expérience aux personnes qui sont dans des situations difficiles.
"C’est un très bon moyen de s’en sortir lorsque l’on est totalement bloqué intellectuellement",ajoute le quadragénaire.
Cette odyssée lui a permis de se prouver qu’il était capable de mener un projet à terme.
Lucide,il considère l’aventure comme "pas banale,mais ce n’est tout de même pas le nirvana".
Benoît garde comme stigmates de ce voyage une paralysie partielle à la main droite et des douleurs articulaires.
Il a retrouvé son père en bas de son immeuble.
Sans pouvoir retenir ses larmes.
Benoît a insisté pour sonner tout de même à l’appartement paternel.
Pour lui,cela signifiait le point d’orgue du voyage.
midi libre