Trente ans qu’il fait les dépannages sur autoroute.
Autant dire que Patrick Michel en a vu passer des vacanciers désespérés pour qui la route du soleil a un petit goût d’enfer.
En ce premier week-end de grand chassé-croisé de l’été, il est sur le qui-vive et sait que les jours à venir seront chargés.
« Le nombre de dépannages est difficile à chiffrer mais nous allons beaucoup travailler c’est certain ».
Il a pris la permanence sur le secteur allant de Pont-de-l’Isère à Valence Sud depuis jeudi soir à 17 heures et, pour l’instant, c’est plutôt calme.
Le temps pour lui d’évoquer ses souvenirs de dépannages, heureux et tragiques.
« Un jour nous sommes allés chercher un véhicule sur une aire d’autoroute car la propriétaire avait perdu les clés. Elle les avait jetées dans une immense poubelle. Elle était rentrée à l’intérieur pour les retrouver (en vain) et en plus elle avait failli y rester coincée. On a apporté une échelle pour la sortir », raconte, le sourire aux lèvres, Patrick.
Il se souvient aussi d’une riche Anglaise qui avait loué une chambre au Carlton de Nice en attendant que sa petite Toyota ne soit réparée à Valence !
Autre histoire, celle de vacanciers qui avaient trouvé opportun d’attacher le berceau de leur enfant sur le toit.
« Soi-disant, il n’y avait plus de place à l’intérieur et le nouveau-né n’avait pas trop chaud comme ça ! »
Ils tombent en panne deux années de suite au même endroit
Il évoque aussi un couple qui, après avoir attendu la journée que leur véhicule soit réparé, est parti du garage en oubliant son caniche.
« Ils étaient enfin repartis pour leurs vacances, mais leur chien était ici. Ils ont donc dû faire demi-tour ! »
Quand le sort s’acharne… Et bien parfois, il s’acharne deux années de suite.
« Il y a des vacanciers que l’on va chercher deux fois à un an d’intervalle. Les maudits de l’A7 en quelque sorte ».
Patrick s’en amuse, mais il sait aussi que travailler sur l’autoroute est particulièrement dangereux.
Parce qu’un jour, « il a eu chaud », comme il dit.
« C’était au début des années 90. Je dépannais un camping-car qui avait crevé. Il était 2 heures du matin. Je montais le véhicule sur la plateforme de mon engin et un camion (chargé de pommes de terre, je m’en souviendrai toute ma vie), nous a foncé dessus…
Il s’est encastré dans le camping-car. Je n’ai été que légèrement blessé, le chauffeur du poids-lourd également mais nous avons eu beaucoup de chance ! ».
Patrick et sa dépanneuse se rendent aussi sur les accidents.
Là encore, des moments difficiles…
« On n’est jamais préparé à vivre cela. J’essaie d’être professionnel en toutes circonstances et je pense surtout aux familles ».
Pour toutes les personnes qui arrivent au garage après un accident ou une simple panne, Patrick et son équipe jouent la carte du réconfort.
Les vacanciers n’arrivent jamais avec le sourire au garage.
Quand ils repartent, le bonheur se lit sur leur visage. Au garage Michel, on aime à penser qu’on y est, un peu, pour quelque chose…
le dauphine
Sujet: Les histoires insolites de l'autoroute A7 
