Le coiffeur n’est pas un commerçant comme un autre !
Au-delà de la simple prestation (une coupe, une couleur, un brushing), nous lui demandons de redonner du tonus à notre chevelure, un coup d’éclat à notre visage, voire de nous proposer une « nouvelle tête »…
Il n’a pas carte blanche pour autant et doit respecter des obligations légales.
Contrepartie de la liberté dont disposent les coiffeurspour fixer leurs prix, ils doivent les afficher à l’intérieur, près de la caisse, et en vitrine, pour qu’ils soient facilement lisibles de l’extérieur.
Un passant doit pouvoir comparer les prix d’au moins dix prestations les plus courantes s’il s’agit d’un salon pour hommes ou pour femmes, et d’au moins vingt (dix pour hommes et dix pour femmes) s’il s’agit d’un salon mixte.
Les prestations requérant une attention particulière (coiffure de mariée, par exemple) doivent faire l’objet d’un devis préalable, sur demande de la cliente.
Un rapide coup d’œil sur les devantures permet de dresser un premier constat : les soins apportés auxcheveux masculins sont moins coûteux que pour les chevelures féminines,même courtes
Un professionnel a-t-il le droit de pratiquer de telles différences ?
Oui, car cette différence de prix ne relève pas d’une pratique discriminatoire mais d’une réalité économique.
Même si le geste technique (shampoing, coupe, séchage) semble identique, un coiffeur passe davantage de temps avec une cliente qu’un client, ce qui va généralement de pair avec une plus grande consommation d’électricité, d’eau, etc.
Qu’ils concernent hommes, femmes ou enfants, les prix restent libres dès l’instant où ils sont affichés.
Une fois passé le seuil de la porte, la discussion s’engage sur le type de coupe souhaité, sur la couleur la plus appropriée, sur l’importance de l’ondulation…
Au final, le reflet dans le miroir ne donne pas toujours satisfaction à la cliente.
La coupe qui sublimait le visage du mannequin sur les photos semble bien terne.
Bref, « c’est raté » !
Déconvenue supplémentaire, le coiffeur n’est tenu qu’à une « obligation le moyen » (tout mettre en œuvre pour parvenir à un objectif), et pas de« résultat ».
Impossible d’engager sa responsabilité contractuelle, sauf à prouver qu’il a commis une faute dans l’exécution de son travail (non-respect des conditions d’utilisation du produit, travail confié à une apprentie non qualifiée…) et que cette faute est à l’origine d’un préjudice (cheveux trop courts, couleur trop vive…).
D’un point de vue juridique, même loupée, la prestation doit être payée.
Sur le plan commercial, la Fédération nationale de la coiffure (FNC) conseille à ses adhérents d’envisager une solution amiable.
Le coiffeur a le devoir d’informer et de conseiller
Il y a plus grave qu’une coupe de médiocre qualité.
Les produits de coloration ou de coiffure peuvent provoquer des réactions allergiques.
Auparavant, l’article R. 5221 du Code de santé publique interdisait aux coiffeurs d’appliquer un produit de coloration sans avoir procédé à un test 48 heures avant d’intervenir.
Mais un décret du 23 juin 2000 a abrogé cet article.
Il reste au coiffeur à informer et à conseiller son client, voire à le mettre en garde contre l’utilisation de telle substance en raison de la nature et de l’état de sa chevelure.
Il est également tenu de l’avertir des effets secondaires pouvant survenir avec tel produit de coloration, de permanente et, surtout, de défrisage.
Des assurances en cas d’incident dans un salon de coiffure
En outre, l’Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a publié en novembre 2010 une recommandation concernant l’utilisation des colorations capillaires permanentes (www.afssaps.fr).
Elle déconseille notamment toute teinture sur une cliente de moins de 16 ans, sur un cuir chevelu irrité ou abîmé, si les cheveux ont été colorés avec du henné, des sels métalliques, une coloration progressive ou un produit de repigmentation, etc.
La plupart du temps, les relations entre les coiffeurs et leurs clients se déroulent sereinement. Divers incidents peuvent cependant émailler la séance.
À commencer par la chute d’un appareil de coiffage du fait de la cliente : responsable de plein droit, elle doit indemniser le salon.
À la Fédération nationale de la coiffure (FNC), Anne Delannoy se veut rassurante : « C’est l’assureur de la cliente, dans le cadre de sa garantie de responsabilité civile, qui intervient. Dans les cinq jours, la cliente envoie sa déclaration de sinistre à laquelle elle joint la facture d’achat de matériel fournie par son coiffeur. »
Autre surprise désagréable, la disparition d’une veste du portemanteau. Là, c’est l’assurance de responsabilité professionnelle du coiffeur qui entre en jeu. Le patron du salon est en effet responsable des effets que lui confient ses clients. L’indemnisation est calculée soit sur la valeur d’achat (à condition de fournir une facture), diminuée d’un abattement lié à la durée de détention, soit de manière forfaitaire.
Dernière étape, le règlement de la note.
Le coiffeur doit-il remettre une facture ?
Oui, si le montant à régler dépasse 25 € ou si le client le demande.
Dans ce cas, la facture doit mentionner les coordonnées du salon, la date de la prestation et le détail du prix, ainsi que, sauf opposition de sa part, le nom de la personne coiffée.
Content de sa nouvelle coupe, le client peut, s’il le souhaite, laisser un pourboire à son coiffeur.
Mais ce n’est pas une obligation, juste la façon la plus répandue d’exprimer sa satisfaction.
Des règles d’hygiène dans un salon de coiffure
« Les objets employés par le coiffeur […] sont entretenus de manière à n’être en aucun cas une cause de transmission d´affections contagieuses » (article 118 du Règlement sanitaire départemental type).
Ainsi, le coiffeur doit notamment désinfecter ses instruments (rasoirs, tondeuses, ciseaux, peignes…) entre chaque coupe, au moyen d’un stérilisateur ou de solutions antiseptiques, et utiliser des serviettes propres pour chaque client.
Des contrôles sont effectués régulièrement par les services de la Répression des fraudes.
« le diplôme est obligatoire » pour les coiffeurs
Tout salon de coiffure doit être placé sous le contrôle effectif et permanent d’un professionnel qualifié, titulaire du brevet professionnel ou du brevet de maîtrise de coiffure. Dans chaque salon, le dirigeant de l’entreprise ou un collaborateur titulaire d’un de ces diplômes doit donc être présent en permanence.
Il n’a aucune obligation d’afficher ce diplôme dans le salon, mais il peut être contrôlé par des agents de la Répression des fraudes, par des agents ou des officiers de police judiciaire.
L’exploitant qui ne respecterait pas cette condition encourt, entre autres, une amende de 7 500 € et la fermeture de son établissement pour une durée pouvant aller jusqu’à 5 ans.