Le fils de Marie-Cécile et Jean-Paul Chenu a été tué par trois skinheads. Une sorte de thérapie épistolaire...Tout a vraiment commencé à l'endroit où la vie de François s'est achevée.
Dans ce parc de Reims (Marne) où le jeune homme de 29 ans a été tué.
Ce soir-là,les trois skinheads voulaient «casser du pédé».
Six mois plus tard,ils se retrouvent exactement au même endroit.
Au bord de l'étang de ce parc.
Pour la reconstitution,ce n'était plus leur victime,François,qu'ils avaient en face d'eux.
Mais Jean-Paul,son père: «Au départ,je me suis caché derrière pour pleurer.
Et puis,j'ai décidé de leur faire face.»
La question du pardon Educateur de formation,Jean-Paul Chenu n'avait pas réussi à «digérer» la mort de son fils.
Surtout,avec sa femme,il n'arrivait pas à comprendre ce qu'ils appellent encore «la logique de haine».
Les trois jours de procès ne les aident pas.
«C'est après l'annonce du jugement qu'on a décidé de leur écrire.
On voulait savoir...»,confie Jean-Paul.
Six mois sont nécessaires pour coucher les premiers mots.
La démarche est inhabituelle.
«Nous ne savons pas si vous accepterez de nous lire et surtout de nous répondre»,écrivent-ils aux trois assassins de leur fils.
La réponse arrive quelques jours plus tard.
Une correspondance débute.
«Il y a ce que vous avez fait et ce que vous êtes»,explique les Chenu à l'un des trois agresseurs.
«Pourrez-vous me pardonner un jour?»,interroge celui-ci en retour.
«Nous n'en sommes pas là et n'y serons peut-être jamais...»,poursuivent les parents,qui ne sont pas soutenus par l'administration pénitentiaire.
«Nous sentions qu'il était en train de changer,confie aujourd'hui Jean-Paul Chenu.
Que ça l'aidait à comprendre le geste.»
Les lettres se succèdent.
Parfois espacées de plusieurs mois.
La thérapie épistolaire laisse des traces.
Jusqu'au jour où l'assassin demande aux parents de sa victime s'ils veulent bien «le rencontrer en prison»?
Les Chenu réfléchissent et donnent leur accord.
L'administration pénitentiaire rechigne.
L'assassin fait volte-face.
«Nous n'avons plus de nouvelles,poursuit Jean-Paul Chenu.
Aujourd'hui,il est libre.
Peut-être reviendra-t-il vers nous?»
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