Les images ancestrales du berger se nourrissant de pain et de lait ou du paysan croquant un morceau de fromage sec avec un croûton viennent à l’esprit de tous ceux qui s’intéressent à la vie quotidienne d’autrefois.
Aliment essentiel pour l’homme, les céréales ont représenté jusqu’à 90% de l’apport en protéines, mais variaient selon les continents.
Petit tour du monde des aliments de base nécessaires à la vie autrefois…
Une sagesse qui vaut celle de la science
La viande contient tous les acides aminés permettant un maintien en bonne santé, mais est restée pendant des siècles (et l’est toujours dans certains pays du monde) un met rare, une pièce de choix dans les repas de fête. Le quotidien était plus sobre : céréales, fruits, légumes. Les céréales cultivées, différentes d’un continent à l’autre, constituaient l’essentiel de l’alimentation. Pourtant, elles ne contenaient pas l’ensemble des acides aminés nécessaires à la vie.
Avant même que la science ne sache comprendre et formaliser le phénomène, chaque civilisation a su instinctivement, depuis des millénaires, trouver un aliment de base, facile à obtenir ou cultiver, qui complétait la céréale locale.
En Europe
En Europe, c’est le blé qui occupe, depuis la Préhistoire, la place essentielle dans l’alimentation.
Il y a plus de 12 000 ans que l’homme consomme cette plante originaire sans doute d’Asie du Sud-Ouest.
Pour que l’alimentation soit équilibrée, les céréales doivent être complétées avec des produits laitiers ou avec des légumineuses.
Associations classiques autrefois en Europe : le pain et le fromage, le pain et le lait, le pain et les plats de haricots ou bien encore les pâtes de blé avec des haricots (comme dans le minestrone des Italiens par exemple !).
A noter : dans les régions dont la terre permettait mal la culture du blé, comme le Limousin, l’Auvergne et la Corse, les associations légumineuses/graines ou noix étaient également complémentaires : lentilles et pain de châtaignes, haricots et noix…
En Asie
L’Asie, c’est bien sûr le continent du riz ! Cultivé il y a plus de 6 000 ans, il est si essentiel à l’alimentation que, dans de nombreuses langues locales, le verbe "manger" signifie "manger du riz" et que le même terme est utilisé indifféremment pour "riz" ou pour "nourriture".
Comme les produits laitiers sont plus rares (peu de bétail), l’alimentation traditionnelle complétait le riz avec des lentilles pour une nourriture équilibrée.
En Afrique
Prenez un couscous, enlevez la viande et les légumes variés qui sont des ajouts de "riches" : il vous reste alors les pois chiches et la semoule de blé, c’est-à-dire très précisément les deux plantes parfaitement complémentaires pour la santé humaine.
Les populations arabes ont très tôt su faire ce mélange de pois et de semoule (ou de boulghour).
Plus au sud, c’est le mil (c’est-à-dire du sorgho ou du millet) qui remplace le boulghour et l’arachide le pois chiche, mais là encore la complémentarité est parfaite.
En Amérique
Seule céréale originaire d’Amérique, cultivé du Canada jusqu’au Chili, le maïs a constitué la base de l’alimentation des civilisations précolombiennes depuis la nuit des temps.
Là encore, c’est l’association avec une légumineuse (par exemple les fameux haricots rouges mexicains !) qui permet d’obtenir l’équilibre alimentaire.
Cependant, lorsque le maïs prenait une part trop importante, il pouvait entraîner l’apparition d’une pellagre (maladie affectant le système nerveux, le système digestif et les muqueuses de la bouche et de la peau, à cause d’une déficience alimentaire en niacine).
Là encore, la sagesse ancestrale avait trouvé le remède en incorporant aux bouillies de maïs de la chaux ou de la cendre rendant alors la niacine contenue dans le maïs assimilable par l’organisme.
Les savoirs empiriques devançaient ainsi de quelques millénaires les compréhensions scientifiques.