Soldats, vous direz : j’étais à la bataille d’Austerlitz, et l’on dira de vous : voilà un brave !
" Ainsi Napoléon donnait-il ses lettres de gloire à tous les vainqueurs d’Austerlitz, une victoire perçue par tous comme l’apogée du soleil impérial.
L’Angleterre, ennemie de toujours
" Je n’ai jamais fait la guerre par esprit de conquête, écrira Napoléon ; j’ai accepté les guerres que le ministère anglais a soulevées contre la Révolution française ".
Effectivement, l’Angleterre a toujours rejeté à la fois les principes de la Révolution et, sur le plan économique, la domination du littoral belge par les Français.
Elle n’a de cesse de faire retrouver à la France ses frontières d’avant 1789.
En 1805, les Anglais forment avec l’Autriche, la Prusse et la Russie une nouvelle coalition contre la France, la troisième, dans la continuité des guerres de la Révolution.
Battu en mer, vainqueur sur terre
Le 21 octobre 1805, la flotte franco-espagnole est quasi détruite par la flotte anglaise de l’amiral Nelson à Trafalgar.
Battu sur mer, l’empereur est victorieux sur terre : Wertingen le 8 octobre, Guntzburg le 9, Haslach le 11, Elchingen le 14, Ulm le 20…
Vienne est prise le 13 novembre, Brünn le 20. Le 21, Napoléon reconnaît le plateau de Pratzen, le village d’Austerlitz et la vallée du Goldbach, assurant à ses officiers, de façon prémonitoire : " Examinez bien ce terrain, nous nous y battrons ".
Le 29 novembre, Austerlitz est occupé par les troupes coalisées qui se sont rassemblées.
Une ultime proposition de paix est adressée par les Russes à l’empereur, lui demandant le retour de la France dans ses limites de 1789.
" Allez dire à votre maître que je n’ai pas l’habitude de me laisser insulter ", aurait répondu l’empereur à l’émissaire russe. L’affrontement est inévitable.
Quand l’empereur parle à ses soldats…
Le 1er décembre 1805, à la veille d’un combat qu’il estime décisif, Napoléon harangue ses troupes : " Soldats !
L’armée russe se présente devant vous pour venger l’armée autrichienne d’Ulm. […]
Je dirigerai moi-même tous vos bataillons ; je me tiendrai loin du feu si, avec votre bravoure accoutumée, vous portez le désordre et la confusion dans les rangs ennemis ; mais, si votre victoire était incertaine, vous verriez votre Empereur s’exposer aux premiers coups, car la victoire ne saurait hésiter, dans cette journée surtout où il y va de l’honneur de l’infanterie française, qui importe tant à l’honneur de toute la nation. […]
Cette victoire finira notre campagne […], alors la paix que je ferai sera digne de mon peuple, de vous et de moi ".
La victoire d’Austerlitz
On ne reviendra pas sur les détails des combats. La bataille d’Austerlitz a lieu le 2 décembre 1805, un an jour pour jour après le sacre de Napoléon et se termine par une éclatante victoire française.
Le lendemain 3 décembre, l’empereur fait à ses troupes la fameuse proclamation commençant par " Soldats, je suis content de vous ! " et se terminant par " Vous direz : j’étais à la bataille d’Austerlitz, et l’on dira de vous : voilà un brave ! ".
Le 4, il rencontre l’empereur François II.
Le 6 est signé l’armistice avec l’Autriche.
Sur le plan humain…
Les pertes françaises à Austerlitz, relevées très précisément par Bernard Quintin dans son Dictionnaire biographique des officiers, sous-officiers et soldats tués ou mortellement blessés à la bataille d’Austerliz s’élèvent à 1 537 hommes, un chiffre sans commune mesure avec celui donné dans un roman historique récent de 7 à 8 000 morts.
La gloire d’Austerlitz est telle que les veuves recevront des pensions bien supérieures aux pensions habituelles, qu’un Temple de la gloire sera élevé place de la Madeleine en mémoire des morts d’Austerlitz (temple devenu ensuite l’église de la Madeleine).
Enfin, par décret du 7 décembre 1805, Napoléon adopte tous les orphelins de militaires morts à la bataille d’Austerlitz.
Ces enfants sont désormais élevés aux frais de l’État et joignent à leur nom celui de Napoléon.
Le soleil d’Austerlitz peut ainsi se retrouver dans nos généalogies…