Uriner contre un mur sous les yeux du policier quand il vient de l'interdire, ce n'est pas bon.
Puis, baisser son pantalon, sa culotte, lui montrer son derrière en hurlant : "Tiens, regarde mon cul ! Fouille-le !", c'est franchement mauvais pour le citoyen en état d'ivresse.
Yann Ogay, 31 ans, le sait maintenant.
Lorsqu'il le fait, le 19 mars, en début de nuit, à Chambéry, il est immédiatement embarqué.
L'homme le reconnaît devant ses juges, hier : sous l'effet de l'alcool, consommé en quantité, il a « pété un plomb ».
Un comble, pour un électricien, lui fait instantanément remarquer, avec un zeste de malice, le président Bernard Landot.
Mais, ce soir-là, Yann Ogay ne s'en tient pas à l'incorrection, il disjoncte.
Au commissariat, il se rebelle violemment.
Il s'admet « hystérique » à cet instant.
Un fonctionnaire est blessé à la main.
Un capitaine de police est mordu au sang à la cuisse.
Pour lui faire lâcher prise, d'après leurs récits, les policiers sont obligés de lui mettre des coups.
De son côté, Yann Ogay minimise en se décrivant agressif par réflexe de défense.
Passe un mois et demi.
Le 30 avril, à Saint-Pierre-de-Curtille, Yann Ogay, une nouvelle fois ivre, se bat avec le compagnon de sa sœur.
Les gendarmes interviennent.
Il les insulte.
Il mime un pistolet avec sa main en leur criant "Bang ! Bang !".
Et il assène un coup-de-poing au visage d'un des deux militaires.
Le voilà encore en garde à vue.
« Par rapport aux gendarmes, c'est vrai que j'ai déconné, Monsieur le juge ».
Et il se ravise, après un instant d'hésitation.
« Avec les policiers aussi, mais... »
L'avocat de ces derniers, Me Pierre Perez, insiste sur la difficulté de leur travail.
Principalement la nuit, lorsqu'ils ont affaire « à la viande saoule », à des gens qui se comportent « comme des bêtes sauvages ».
De leur côté, les gendarmes ne sont pas rancuniers, ils ne demandent aucun dédommagement.
L'un d'eux se lève. « Le but du dépôt de plainte, c'était juste de lui faire prendre conscience de ses actes et qu'il se fasse soigner pour l'alcool ».
Ce n'est pas gagné, selon le substitut du procureur, Aurélie Goutagny.
« Il ne semble pas se rendre compte qu'il a échappé de peu à la comparution immédiate ! ».
Cinq ans sont encourus, rappelle-t-elle.
Elle réclame 15 mois de prison dont 3 fermes.
À la défense, Me Didier Besson compare dans quel état « tête au carré » son client est sorti du commissariat et dans lequel sans dommage il a quitté la brigade de gendarmerie.
En s'interrogeant, au vu des conséquences, sur les techniques d'interpellation des uns et des autres.
Le tribunal condamne finalement Yann Ogay à 18 mois de prison dont 3 fermes.
1 350 € sont alloués aux policiers.