En signe de vie, cette petite dame discrète et polie affiche une pointe de colère. "Décédée" selon l'administration, Anny Giupponi ne touche plus ni revenu, ni remboursement de soins.
À 72 ans, la retraitée résidant à La Tour-du-Pin espère bientôt revenir officiellement à la vie.
En cause : un imbroglio administratif semble-t-il consécutif au décès de son mari, le 1er février.
Le 17 mars, après les démarches d'usage, Anny apprend d'abord qu'une facture concernant des médicaments a été rejetée par l'assurance-maladie.
Motif ?
Le bénéficiaire des soins est décédé à la date de prescription, apprend-t-elle.
Sur le chemin de la résurrection
Pire, sa retraite, tout comme la pension de réversion de son époux, n'arrivent pas sur son compte.
Sans oublier cette lettre datée du 6 avril l'informant de sa propre mort et lui demandant d'effectuer des démarches pour étudier des droits aux prestations.
«Entendre dire qu'on est décédée, ça fait tout drôle. Et surtout ça fait mal : je venais de perdre mon mari, ce n'était pas le moment d'avoir tous ces tracas en plus. »
Homonymie ?
Clic maladroit ?
Toujours est-il que depuis, la retraitée fait des pieds et des mains pour exister à nouveau.
« Il faut quand même payer le loyer. Tout le monde peut se tromper, mais là, ça dure quand même depuis deux mois et demi », soupire-t-elle.
Du côté de la direction de la caisse régionale des retraites à Lyon, on indique être « un organisme indépendant de l'assurance-maladie, mais nous sommes tous deux alimentés par le même système informatique géré par l'Insee, dès qu'il y a un décès. Il semble qu'on ait eu une information erronée, qui a suspendu automatiquement la retraite du mois de mars pour cette dame ».
Les responsables assurent que la situation doit être rétablie « dans la semaine ».
Jointe vendredi, l'assurance-maladie de Grenoble déclare être « fortement désolée [au sujet du courrier envoyé] et consciente que cela peut perturber ».
Des recherches ont été lancées pour faire le tour de la question.
« Il y a peut-être eu une erreur à un moment donné, mais aujourd'hui tout est en ordre dans son dossier », annonçait la direction.
Le quartier des Hauts-de-Saint-Roch, où réside Anny Giupponi, n'a pas attendu ces bonnes nouvelles pour être solidaire.
L'association des jardiniers, dont faisait partie son mari, a par exemple organisé une quête.
Ce qui n'empêche pas de complices taquineries, comme cette voisine qui demande : « Alors, madame Giupponi, vous ressuscitez quand ? »
L'intéressée se faisant pour sa part apôtre de la prévenance administrative. « Je dis à tout le monde : rangez vos papiers. Si vous saviez ce qu'on peut vous demander, c'est incroyable. »