« On m'a prévenue vers 20 h qu'un particulier avait découvert un crâne. »
La mairesse de Viuz-la-Chiesaz est aux 400 coups. À peine, est-elle élue qu'elle se doit déjà de régler une épineuse affaire.
C'est la poisse, pense-t-elle.
Les techniciens de l'investigation criminelle sont déjà sur place ; ils entendent ce couple de nouveaux habitants sur la commune.
Ils racontent, une nouvelle fois, ce dimanche où, armés d'une pioche et d'une pelle, ils creusent pour y installer une murette quand ils entendent un bruit mat. Ils pensent d'abord à une poterie.
Le secteur est, en effet, une zone archéologique sensible.
Puis laissant la pioche pour la petite brosse, ils mettent au jour un crâne... humain.
Les premières constatations des militaires laissent à penser qu'il est ancien, très ancien.
La mairesse souffle un grand coup et appelle le service archéologie du Conseil général.
L'autorisation des services de l'Etat en poche, Christophe Guffond, Maud Chevalier et Jocelyn Laidebeur investissent aussitôt le terrain.
Une bâche est tendue, les archéologues peuvent alors se mettre à leur tâche minutieuse.
Et ils vont en être pour leur déplacement et leur travail de fourmi.
D'autres sépultures découvertes à 100 mètres
Puisque, sous la terre, repose en paix... un squelette entier ! Avec une dentition complète, souligne incrédule la mairesse.
« Il s'agit d'une sépulture en pleine terre qui date du Haut Moyen-Age », informe Christophe Guffond. L'homme, puisqu'il s'agirait d'un homme, mesure 1,70 m.
En attendant des datations précises pour confirmer la période, le squelette a été transféré au dépôt de fouilles départementales...
À l'exception de son fémur gauche "emprunté" par les gendarmes pour procéder de leur côté à des datations.
Une découverte de "taille "mais qui n'a rien d'exceptionnelle au regard des archéologues.
« On avait déjà retrouvé des sépultures de cette période à 100 m au Nord ; une inhumation du même type orienté est/ouest sans mobilier » rapporte le technicien. En outre, une villa romaine a été mise au jour par l'INRAP à Viuz-la-Chiesaz.
« Le réseau des communes de cette partie du département correspond au réseau paroissial de cette période, aussi à chaque emplacement, il y a une nécropole. »
La partie exceptionnelle de cette découverte se situe plutôt dans le soin des particuliers, mais aussi des gendarmes, à préserver cette sépulture.
Il y aurait tellement de cadavres qui disparaissent dans le terrassement, broyés par des pelles mécaniques.
Mais comment s'est-il retrouvé là, à un coup de pioche ?
« C'est la dynamique de l'érosion et des travaux agricoles. Au fur et à mesure, le niveau s'est arasé », souligne M. Guffond. Nul doute, que le couple va s'y reprendre désormais à deux fois avant de planter sa pioche dans le sol.