Complexe funéraire de KhéopsLe complexe funéraire de Khéops fut érigé sous la IVe dynastie (v. -2650).
Composé d'un temple funéraire, de pyramides subsidiaires, d'annexes et d'une vaste nécropole de fonctionnaires contemporains du pharaon, le complexe est toutefois dominé par la grande pyramide, la plus grande pyramide d'Égypte qui fut, jusqu'au début du XXe siècle, le plus volumineux et le plus massif monument jamais construit. Elle a détenu le record de la hauteur durant 4 000 ans.
Elle est considérée, depuis au moins 2 000 ans, comme une des sept merveilles du monde.
Les savants du XIXe siècle se jugeaient incapables de reproduire les prouesses techniques de la pyramide. Des théories pseudo-scientifiques, mystiques, voire farfelues sont alors apparues afin de tenter d'en percer les mystères. Mais la pyramide est avant tout un tombeau faisant partie d'un vaste complexe pyramidal classique de l'Ancien Empire, représentant une des plus pures et des plus abstraites œuvres d'art jamais conçues
Vue d'ensemble du complexeLa pyramide de Khéops fait partie d'un complexe plus large, constitué :
d'un temple funéraire en deux parties, une basse appelée « temple de la vallée » et une partie haute située à proximité de la pyramide, ces deux parties étant reliées par une chaussée servant de galerie de communication ;
d'un ensemble composé de la pyramide de Khéops, de trois pyramides de reines, d'une pyramide satellite, ceint d'une muraille, relié à la galerie de communication par l'intermédiaire de la partie haute du temple ; de celui-ci il ne subsiste qu'une partie du pavement en basalte d'une grande cour à ciel ouvert qui occupait l'essentiel du temple ;
de multiples mastabas regroupés en trois cimetières ou villes de mastaba situées à l'orient derrière les pyramides des reines, au sud de la grande pyramide et à l'occident de la pyramide du roi, dans le désert.
Avec la pyramide de Khéops, deux autres pyramides à faces lisses, les pyramides de Khéphren et de Mykérinos dominent le plateau de Gizeh.
Le temple funéraireLe temple d'accueil (ou temple bas) se trouve désormais sous les fondations de la ville jouxtant maintenant le plateau de Gizeh. Certains vestiges de son soubassement ont pu être identifiés récemment ainsi que les installations portuaires qui le jouxtaient lors de divers travaux d'aménagement du quartier de la ville de Gizeh qui recouvre le site archéologique.
Ces fouilles de sauvetage n'ont pas permis de restituer le plan d'ensemble du monument.
Le temple funéraire (ou temple haut), quant à lui, n'a laissé que très peu de vestiges tels qu'une grande partie du dallage en basalte d'une grande cour qui en occupait le centre ainsi que quelques rares débris de granite. Plus grand que le temple funéraire de son prédécesseur Snéfrou à la pyramide rouge, il n'atteint pourtant pas les dimensions colossales et la complexité du temple funéraire de la pyramide de Khéphren. Il constitue néanmoins une étape importante dans l'évolution des temples hauts de l'Ancien Empire. Ses dimensions extérieures sont de 52,40 mètres, du nord au sud et de 40 mètres, d'est en ouest.
D'un plan très simple, son entrée se faisait par l'extrémité ouest de la chaussée, située au centre de la façade est. Il en subsiste aujourd'hui un grand seuil en basalte de porte à deux vantaux.
Le seuil franchi, le visiteur accédait directement à la vaste cour cérémonielle, péristyle et pavée de basalte noir. D'une dimension de quarante mètres sur vingt, elle était entourée d'un portique formé de trente-huit piliers carrés de granite, les piliers d'angle étant de section rectangulaire.
Un bas-relief fut découvert en 1938 par l'égyptologue Selim Hassan, dans l'angle nord-ouest de cette cour[6]. Ce bas-relief à demi effacé comporte une des très rares représentations de Khéops, ici coiffé de la couronne rouge de Basse-Égypte.
Il y a tout lieu de déduire de cette découverte que les parois des murs du portique était décorés à l'instar du temple funéraire de la pyramide rhomboïdale.
Le côté occidental de la cour ouvrait par ce portique sur une salle dont le plafond était soutenu par douze piliers de granite de mêmes proportions que ceux de la cour et disposés sur deux rangs. Cette salle occupe le centre de la partie intime du temple, partie réservée au culte funéraire du roi dont le sanctuaire se trouvait juste derrière, à l'ouest dans l'axe du monument. Deux pièces annexes encadrent au nord et au sud la salle aux piliers.
Ils étaient accessibles par les côtés du portique de la grande cour, celui du sud possédait un escalier menant au toit du temple, celui du nord donnait accès au péribole de la pyramide royale. Ces pièces étaient sans doute des magasins destinés à abriter le matériel du culte.
À l'extrémité ouest de cette cour, se trouvait l'accès au sanctuaire. Cette partie du temple ne peut être reproduite sans incertitudes. Certains égyptologues comme l'allemand Herbert Ricke imaginent deux stèles flanquées contre la face est de la pyramide, à l'instar des pyramide de Meïdoum et de Dahchour sud. Tandis que d'autres, suivant l'idée de Jean-Philippe Lauer, suggèrent une table d'offrande suivie par deux fausses portes.
Les murs du temple furent tous construits en pierres calcaires, détail architectonique le différenciant une fois encore des temples construits durant les règnes suivants.
Vestiges du temple funéraire de Khéops
Les pyramides subsidiairesTrois pyramides de reines se situent à l'est de la pyramide de Khéops, entre l'enceinte et la nécropole est. Une quatrième pyramide dite satellite fut découverte en 1991 entre celles-ci et le coin sud-est de la grande pyramide. Elles sont de type à faces lisses mais, fortement dégradées, leurs parements se limitent à quelques pierres de la première assise.
Elles ont toutes une structure interne constituée d'un massif en gradins.
Leurs entrées font face au nord et toutes possèdent un caveau creusé dans la roche, dépourvu de sarcophage.
Leur attribution étant encore sujet à controverse, elles sont différenciées scientifiquement par les termes G1A, G1B et G1C, la pyramide satellite par G1D. G1A et G1B possèdent chacune une fosse à barque près de la face sud de la pyramide
La pyramide G1ACette pyramide a perdu les deux tiers de sa hauteur initiale. Le secteur est de la pyramide garde les traces d'une plate-forme qui supportait peut-être une chapelle funéraire mais aucun élément ne permet encore de l'affirmer.
La sépulture est attribuée par l'égyptologue Reisner à la première épouse de Khéops, la reine Mérititès Ire, en raison de sa proximité avec le mastaba de son fils Kaouab Ier. Mark Lehner, quant à lui l'attribue à la reine Hétep-Hérès Ire, de par la proximité du tombeau avec sa cachette royale
La pyramide G1BUne chapelle de culte était accolée contre sa face est. Cette pyramide avait, près de sa face sud, une fosse à barque aujourd'hui disparue sous un chemin d'accès au site.
Les égyptologues Mark Lehner et Rainer Stadelmann l'attribuent à la reine Mérititès Ire.
Zahi Hawass propose la reine qui a enfanté le successeur de Khéops, le souverain Djédefrê.
La pyramide G1CCette pyramide est la mieux préservée des pyramides subsidiaires.
Toutefois, elle est restée inachevée, des tracés de conception étant encore visibles aux angles de la base du monument.
Un temple d'Isis d'époque tardive (XVIIIe dynastie) est accolé contre la face est de la pyramide.
Ce temple fut construit en incorporant les éléments de l'antique chapelle funéraire.
Une stèle (la stèle de l'inventaire), datant du Nouvel Empire fut découverte dans les vestiges du temple.
Cette stèle épigraphe porte une inscription nous permettant d'attribuer la pyramide à la reine Hénoutsen
Temple d'Isis de la pyramide
La pyramide G1DUne pyramide satellite a été découverte en 1991 par l'équipe de Zahi Hawass, dirigeant actuel du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes (2007).
Elle porte le nom de G1D et est située près de l'angle sud-est et à l'est de la grande pyramide, à l'extérieur de l'enceinte. Cette pyramide a livré le deuxième plus ancien pyramidion connu après celui de la pyramide rouge à Dahchour.
Ce monument est identifié par son découvreur à la pyramide subsidiaire du Ka bien que ce type d'édifice cultuel ait toujours été placé à l'intérieur du péribole de la pyramide principale d'un complexe pyramidal.
Vue au premier plan des vestiges de la pyramide satellite G1D et à l'arrière plan de deux des pyramides des reines
La tombe d'Hétep-Hérès Ire (G7000x) C'est en 1926 que l'égyptologue américain Reisner fit la découverte d'une cachette royale dont la destination fut de sauvegarder le mobilier funéraire de la mère de Khéops, la reine Hétep-Hérès Ire. Elle se situe à l'est de la grande pyramide, aux abords de la pyramide subsidiaire G1A.
Il s'agit de l'une des plus importantes découvertes archéologiques relatives à l'Ancien Empire.
Les fosses à barqueCinq fosses à barque prennent place aux abords de la pyramide : trois fosses vides de forme naviforme à l'est (dont l'une fut implantée parallèlement à la chaussée) et deux fosses rectangulaires au sud contenant chacune une grande barque en bois, démontée.
Ces deux dernières furent découvertes en 1954 sous les débris de l'enceinte sud de la pyramide, par l'égyptologue égyptien Kamal el-Mallakh. La fosse la plus à l'est, d'une longueur de 32,50 mètres, fut découverte dans un parfait état de conservation et couverte de 41 dalles de calcaire pesant chacune en moyenne quinze tonnes.
La plus grande dalle mesure 4,80 mètres de long. De nombreux graffitis figurent sur les parois de la fosse et mentionnent le nom du successeur et fils de Khéops,
Djédefrê. Il semble donc que Djédefrê organisa les funérailles de son père et fut responsable de l'achèvement de son complexe funéraire. La barque de cette fosse a pu être reconstituée par le conservateur Hadj Ahmad Youssef, à partir des 1224 éléments entreposés.
D'une longueur totale de 43,40 mètres, en cèdre et en acacia, ce navire est, depuis sa restauration, exposée au musée dit « de la barque solaire » tandis que la barque de la fosse ouest n'a pas encore été étudiée et demeure toujours dans sa fosse.
Il est fort probable que les trois fosses situées à l'est de la pyramide aient contenu chacune une barque similaire. Des fragments de pièces de bois ainsi que des cordages ont d'ailleurs été retrouvés dans la fosse jouxtant la chaussée funéraire.
Cette dernière est d'une conception différente des quatre autres.
En effet, la forme de cette fosse est comparée à celle des bateaux de la période archaïque et un escalier de dix-huit marches fut aménagé à l'intérieur.
La signification religieuse ainsi que la provenance de ces barques sont toujours sujettes à discussion. Tout d'abord, l'égyptologue Jaroslav Černý identifie les quatre barques parallèles à la pyramide, à des barques rituelles assurant le transport du roi défunt aux quatre points cardinaux, la cinquième barque ayant emporté le corps du souverain jusqu'au temple de la vallée.
Ensuite, l'égyptologue britannique Walter Bryan Emery propose l'idée de barques solaires emmenant le roi vers le dieu soleil Rê afin qu'il l'accompagne dans sa course diurne et sa course nocturne.
Et enfin, Abdel Moneïm Aboubakr les assimile aux embarcations que le roi aurait empruntées durant sa vie terrestre afin d'effectuer ses nombreux pèlerinages, les cérémonies et ses voyages.
Vue générale de la barque solaire de Khéops
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