LES ARCS : 3 000 € la semaine et pas d'eau !

Samedi matin, 10h.
Dans le bureau d'accueil de la nouvelle résidence du groupe Lagrange Prestige, une main s'active sur les portes vitrées.
On imagine une touche finale pour le premier jour d'ouverture de cette nouvelle résidence exploitée par le groupe Lagrange Prestige.
Erreur...
Pas besoin de s'approcher beaucoup pour constater que le chantier est loin d'être terminé.
Mais puisque les vacanciers arrivent, c'est qu'au moins une partie des appartements sont fonctionnels.

Non ?
Deuxième méprise.
On peut visiter ?
« Euh, on est entrain de faire les chambres, repassez plutôt dans deux-trois heures... », nous explique-t-on à l'accueil.
Ce que l'on a fait le lendemain, fortement incité par quelques-uns des locataires infortunés.
Car la visite de cette résidence "prestige" est édifiante.
Douche sans tuyau ni pommeau, WC sans raccordement, robinets plus ou moins présents, appliques murales (avec le courant...) qui pendent, fenêtres sans rideau donnant sur le couloir de la résidence, un centimètre de poussière au sol, et surtout, pas d'alimentation en eau.
Ça, c'est juste pour les appartements...
A l'extérieur, on pourrait faire un inventaire à la Prévert.
A commencer par le garage, sans panneau ni lumière dans les escaliers, où les voitures servent de casier à ski puisqu'il n'y en a pas.
Pas d'ascenseur pour rejoindre son étage (il y en a jusqu'à 21 répartis pour ceux qui vont en haut du dernier bâtiment).
Par contre, des cages béantes, à peine sécurisées par trois barres horizontales.
Des cartons partout, des gaines électriques, des mares d'eau où gisent des fils, de la poussière, des conteneurs pleins de poubelles.
Au milieu de tout cela, trois à quatre cents de touristes, qui tentent, tant bien que mal, de trouver un semblant de normalité...
Ils sont venus passer une semaine de vacances au ski dans la station, dans l'un des 55 appartements occupés actuellement.
Venus de France, mais aussi de Russie, Irlande, Espagne, Belgique, etc.
Certains ont roulé près de 15 heures, arrivant dans la nuit de samedi à dimanche.
Pour eux, le rêve vire au cauchemar.
« On a réservé pour deux semaines, il y a deux mois... », expliquent les familles De Saporta et De Drouas, qui sont venues de Paris et Bruxelles à onze retrouver des amis dans la station.
« Il y a trois semaines, on nous a dit que la résidence ne serait pas finie pour Noël, mais que pour la deuxième semaine, ce serait bon. Il y a trois jours, on nous a téléphoné pour dire que piscine, sauna et hammam ne seraient pas opérationnels. Mais on ne nous a jamais dit qu'il n'y aurait pas d'eau ! »

"On m'a même demandé 300 euros de caution"

Depuis samedi matin, on leur a promis l'arrivée des réparations toutes les demi-journées...
Hier soir, il n'y avait toujours rien dans une partie des bâtiments.
Deux jours sans pouvoir faire à manger, une vaisselle, prendre une douche, se brosser les dents, ou tout simplement aller aux toilettes, cela devient vite compliqué.
Surtout lorsqu'on a des enfants. « J'ai dû aller acheter de l'eau et la monter, à pied, jusqu'à l'appartement, pour assurer le minimum... », décrit Christian Chehab.
Face à la situation, le personnel saisonnier apporte comme il peut des solutions.
Un cautère sur une jambe de bois, même si cela désamorce certaines crises...
« J'ai payé 3 000 € la semaine, 120 € pour le ménage, et on m'a en plus demandé 300 € de caution. C'est vraiment lamentable... »
Mais le pire, soulignent-ils tous, c'est que terminée, elle aurait vraiment pu être sympa, cette résidence...
Face à la situation, un directeur de Lagrange a été missionné hier pour rencontrer les mécontents.
Mais à midi, certains avaient déjà rebouclé les valises.
Repartant où ils pouvaient, dans une station voisine, à l'hôtel, ou même chez eux.
« Ce n'est pas le Roc Belle Face, mais une belle farce... »

REPÈRES


LA RÉSIDENCE

Le Roc Belle Face, résidence 4 étoiles, construite par le promoteur DPMG Immobilier, et exploitée par le groupe Lagrange Prestige. 115 appartements au total, du T2 au T4 (31 à 102 m²).
Sur les cinq bâtiments, quatre devaient être livrés mi-décembre.


IDEM AUX ORRES...

Trois cents personnes ont à nouveau été privées d'eau, hier, aux Balcons des Airelles, une résidence de la station des Orres (05) qui vient d'ouvrir ses portes.
Une rupture de canalisation est à l'origine des perturbations dans cette réalisation gérée par Eurogroup Vacances.
La semaine précédente, les clients avaient dû être évacués.